Hong Kong: début des plaidoiries finales au procès de l'homme d'affaires Jimmy Lai
La justice hongkongaise a entamé lundi les plaidoiries dans le procès de l'homme d'affaires Jimmy Lai, militant prodémocratie, affirmant que le septuagénaire était apte à assister aux audiences, malgré une suspension la semaine dernière pour un problème cardiaque.
Des pays occidentaux et organisations de défense des droits humains appellent à la libération du magnat des médias de 77 ans, fondateur du journal Apple Daily, qui avait dû fermer en raison de son soutien aux grandes manifestations prodémocratie de 2019 à Hong Kong, parfois violentes.
Jimmy Lai, de nationalité britannique, est jugé depuis décembre 2023 pour collusion avec des forces étrangères et encourt l'emprisonnement à vie. Il est également accusé d'avoir écrit des textes séditieux dans son journal.
Il s'est présenté devant les magistrats vêtu d'une chemise blanche et d'un coupe-vent clair, et a pu écouter les débats grâce à un casque audio. Il a même souri et salué ses soutiens dans le prétoire, ainsi que les membres de sa famille.
Lundi, les procureurs ont affirmé que Jimmy Lai avait "l'intention inébranlable de solliciter des sanctions, blocus ou autres activités hostiles" contre la Chine et Hong Kong, citant ses "nombreuses relations à l'étranger".
Le procureur Anthony Chau a mentionné les voyages de Jimmy Lai aux Etats-Unis en 2019, notamment une rencontre avec le vice-président américain de l'époque, Mike Pence.
Le magnat a déjà reconnu à son procès avoir demandé à M. Pence de "soutenir" le mouvement prodémocratie à Hong Kong, mais sans l'appeler à agir.
Il a nié avoir appelé à des sanctions contre la Chine et Hong Kong dans leur ensemble, et a déclaré qu'il n'avait jamais préconisé le séparatisme ni la violence.
Selon le procureur Anthony Chau, le ministère public devrait prendre deux jours pour présenter leurs conclusions finales.
Le septuagénaire est incarcéré depuis fin 2020 et se trouverait à l'isolement, ce qui suscite des inquiétudes pour sa santé.
Outre le délit de collusion, qui pourrait lui valoir une peine d'emprisonnement à perpétuité, Jimmy Lai est également accusé de "publication séditieuse" pour 161 articles, dont des éditoriaux signés de son nom.
Pékin a imposé la même année à l'ancienne colonie britannique - rétrocédée à la Chine en 1997 - une loi sur la sécurité nationale réprimant les dissidents à la suite des manifestations de 2019.
M. Chau a déclaré lundi que M. Lai s'était vu prescrire des médicaments et portait un appareil de surveillance cardiaque, qui lui avait été remis vendredi.
Il "ne s'est plaint ni de son état cardiaque ni de son état de santé général et est apte à comparaître devant la cour", a-t-il précisé.
- "Le sauver" -
La juge Esther Toh a également lu une note rédigée par un médecin-chef indiquant que Jimmy Lai était "physiquement et mentalement apte à comparaître" devant la justice.
Vendredi, l'avocat de la défense Robert Pang avait déclaré à la cour que M. Lai avait souffert de "palpitations" cardiaques et eu l'impression de "s'évanouir".
Le gouvernement de Hong Kong a pour sa part déclaré le même jour dans un communiqué que "les soins médicaux" qui lui sont prodigués "pendant sa détention sont adéquats et complets".
"Le monde surveille la manière avec laquelle Hong Kong traite ses journalistes", a lancé le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) jeudi.
"La détention prolongée de Jimmy Lai détruit non seulement la réputation ancienne de Hong Kong en tant que société libre et ouverte, mais aussi en tant que centre d'affaires", a déclaré la directrice régionale du CPJ, Beh Lih Yi.
Le président américain Donald Trump a pour sa part affirmé jeudi à Fox News avoir mentionné l'affaire Jimmy Lai auprès du numéro un chinois Xi Jinping. "Je vais faire tout ce que je peux pour le sauver", a promis M. Trump, selon cette station de radio.
Le gouvernement de Hong Kong a, lui, "fermement (...) rejeté" mercredi "les remarques calomnieuses formulées par des forces extérieures" quant au procès.
Le parquet affirme qu'il a exercé une influence aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et à Taïwan, à travers des "relations politiques".
Apple Daily a été contraint de fermer en 2021 après des descentes de police et l'arrestation de ses rédacteurs en chef.
H.Gustafsson--StDgbl