Stockholms Dagblad - Singes et éléphants: la vie d'un hôpital pour animaux de Thaïlande

Stockholm -
Singes et éléphants: la vie d'un hôpital pour animaux de Thaïlande
Singes et éléphants: la vie d'un hôpital pour animaux de Thaïlande / Photo: MANAN VATSYAYANA - AFP

Singes et éléphants: la vie d'un hôpital pour animaux de Thaïlande

Dans le seul hôpital pour animaux de Thaïlande géré par une ONG, l'équipe soignante a parfois recours au système D pour traiter ses patients, qui varient du singe à l'éléphant.

Taille du texte:

"Si on ne trouve pas le matériel approprié, on doit bricoler avec ce que l'on a déjà, ou faire des modifications selon les spécifications nécessaires", explique la vétérinaire Siriporn Tippol.

Elle cite un laryngoscope destiné aux chats et chiens, sur lequel elle a greffé un manche plus long afin de l'adapter aux tigres et aux ours.

Des dizaines d'animaux passent chaque mois par le centre de soins de la Fondation des amis de la faune sauvage de Thaïlande (WFFT), récemment inauguré dans la province de Phetchaburi, au sud-ouest de la capitale Bangkok.

Certains ne pèsent qu'une centaine de grammes, comme le phalanger volant à queue courte, un petit marsupial utilisé comme animal de compagnie.

Dans une salle d'opération, des spécialistes interviennent sur un macaque à queue de cochon de six ans, secouru d'un site qui l'employait pour récolter des noix de cocos.

Les fermes à cocotiers du sud du pays exploitent des milliers de singes pour grimper aux palmiers et récupérer le fruit, l'un des préférés des touristes de passage en Thaïlande. WFFT a dénoncé la cruauté de ces endroits, que les singes secourus quittent dans un piteux état.

- Rayons X -

Au cours du parcours de santé, qui comprend des prélèvements sanguins et un examen aux rayons X, l'équipe soignante a coupé le collier métallique qui maintenait Yong attaché à une chaîne.

Avant de rejoindre ses congénères, le singe a aussi subi une vasectomie.

L'hôpital a ouvert début juillet à la place de la "petite" clinique qu'opérait WFFT, raconte Edwin Wiek, qui a fondé l'ONG en 2001 avec deux singes et un gibbon. Aujourd'hui, le site qu'il gère couvre 120 hectares et 60 espèces.

"Mon passe-temps est devenu hors de contrôle", s'amuse-t-il.

Pendant qu'il parle, les soignants s'affairent à suivre le programme du jour, qui comprend le nettoyage d'une blessure sur une queue d'éléphant, l'examen de cataracte d'un autre pachyderme, et le traitement d'un ours malais qui souffre de la peau.

WFFT assure la prise en charge de plus de 900 animaux, et en raison du flux régulier d'urgences, "nous avions vraiment besoin d'un site plus grand, de plus salles d'opération, d'une salle de traitement", décrit-il.

Ce Néerlandais d'origine plaide de longue date en faveur de la protection des espèces sauvages dans un pays réputé pour être une plaque tournante du trafic d'animaux, ce qui lui a valu par le passé d'être poursuivi en justice, et des tensions avec les autorités.

Mais récemment, le gouvernement lui a demandé conseil sur des questions liées à la faune sauvage. Il a aussi ouvert les portes de son refuge aux animaux saisis par les agences de l'Etat.

- Laboratoire -

"Dans bien des cas, quand des animaux sauvages allant des éléphants aux tigres, en passant par les macaques, sont retrouvés blessés et déplacés, nous nous coordonnons avec WFFT, qui prête assistance pour la réhabilitation et les soins médicaux", explique Chalerm Poommai, directeur pour la conservation de la vie sauvage au sein du service thaïlandais de gestion des parcs nationaux, et de conservation de la faune et de la flore sauvages (DNP).

L'une des campagnes en cours du WFFT se concentre sur les singes exploités dans les fermes à cocotiers.

"Ces animaux sont en fait prélevés illégalement dans la nature. Et ça a bien sûr un impact énorme, un impact négatif sur la survie de l'espèce", explique Edwin Wiek.

WFFT travaille avec les autorités, le secteur de la noix de coco et des exportateurs pour encourager les agriculteurs à arrêter le recours aux macaques, et planter des types d'arbres plus courts et plus faciles à récolter.

Il y a aussi du travail à accomplir pour le nouvel hôpital: Siriporn la vétérinaire aimerait une unité mobile de radiologie, et une machine spécialisée dans l'analyse du sang.

Edwin Wiek, lui, imagine un laboratoire digne de la police scientifique qui permettrait de retracer l'origine des animaux capturés aux trafiquants.

"Les lois sont là, mais leur mise en application manque", explique-t-il. "Mais grâce à cet outil, nous pourrions réellement porter un coup aux trafiquants d'espèces sauvages".

T.Sjoberg--StDgbl